Dans le billet précédent, je disais, sous forme de boutade, être carnivore. C’est faux, évidemment : je suis omnivore. Je mange du végétal et de l’animal. Des plantes et des bestioles.
La ligne simple s’agite (et que j’aime ce bouillonnement) ces derniers temps sur la question de l’alimentation en général et du végétarisme en particulier. Beaucoup se sont émus des conditions d’élevage et d’abbatage des animaux que l’on mange.
Ca va sans dire – mais ça va mieux en le disant – je respecte tout à fait le choix du végétarisme. J’explique simplement pourquoi il n’est pas le mien.
A la lecture de ces billets sur différents blogs, puis d’articles et de fils sur mes forums préférés, plusieurs raisons d’être végétarien surgissent.
Par goût, tout d’abord, ou par dégoût (ou mauvaise digestion) de ce qui est carné. Ma foi, c’est une raison que je peux comprendre, mais que je ne partage pas.
Par raisonnement écologique, parce que l’élevage d’une bestiole destinée à être mangée “consomme” énormément – elle mange la bestiole, et la production de ce qu’elle mange pollue le plus souvent, et en plus on pourrait nourrir des humains avec ce qui la nourrit. C’est un argument auquel je suis sensible, et une des raisons qui me pousse à diminuer ma consommation de viande. Néanmoins il me semble – je recherche des études chiffrées, si vous en avez sous le coude – que les problèmes de malnutrition ou de dénutrition ne proviennent pas d’une faiblesse de la production de nourriture, mais d’un problème de gaspillage et de répartition. Autrement dit, j’imagine (peut-être à tort, et dans ce cas dites-le moi) que si l’on répartissait équitablement entre tous les humains les “ressources comestibles”, chacun aurait droit à son bout de viande.
Par un sentiment de sacré envers la vie – qui rendrait sacrilège de tuer pour manger. L’argument qui m’est le plus étranger je pense. En “léger” cela donne les “sarcophages”, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent manger de la viande que si elle ne fait pas penser à l’animal d’où elle provient (donc pas de poisson entier ni de tête de veau … par exemple). En plus approfondi, ça peut mener au végétarisme (refus de manger de la chair animale), ou au végétalisme (refus de toute alimentation d’origine animale), ou au véganisme (refus de porter du cuir par exemple). Bon, là-dessus, j’ai le même sentiment de sacré devant une ortie ou un trèfle que devant un poussin. Et je m’inscris dans une chaîne alimentaire, comme un autre animal.
J’ajoute que dans ce cas, il me semble que la cohérence c’est d’aller jusqu’au véganisme, ce qui me semble bien compliqué – ce qui n’est bien sûr pas un argument pour ne pas le faire, si ce sont réellement vos valeurs. Bonne chance sur cette voie que je devine difficile si c’est votre cas …
Par refus de cautionner des méthodes d’élevage et d’abattage cruelles. Cela me semble tout à fait sensé. Je me souviens d’un témoignage de Pierre Rabhi, racontant sa visite à un éleveur de cochons, fier de présenter une méthode de sanglage de la truie qui permettait à tous ses petits de se nourrir en même temps, tout en la ligotant à quelques cm au-dessus du sol et en l’empêchant de toucher ses petits. J’avais été choquée de me rendre compte qu’il fallait que l’auteur insiste sur cette souffrance animale pour que je la voie.
Je ne nie pas que contrairement aux autres animaux nous avons une conscience et donc une responsabilité dans notre implication dans la chaîne alimentaire. Je ne refuse pas de manger de la chair animale (ni de m’en vêtir) ; par contre je refuse tout mauvais traitement, tout gaspillage et toute souffrance animale inutile. Comment ? Pour le moment, juste – et j’ai conscience que c’est léger – en choisissant où j’achète ma viande, en me renseignant sur la façon dont sont traitées les bestioles.
Je suis cavalière depuis quinze ans, j’ai grandi à la campagne, j’ai eu des lapins domestiques – non destinés à la consommation, mais vivant dans le jardin – j’ai trait des vaches … Contrairement à de nombreux cavaliers – c’est relativement récent – l’idée de manger de la viande équine ne me révulse pas. Par contre, par une réaction un peu primaire de “proximité” avec la bestiole, j’aurais besoin d’être davantage rassurée sur les conditions de vie et de mort d’un cheval que pour un porc ou une vache (pourtant j’aime bien les vaches) (mais j’ai peur des cochons). Alors il me semble que pour moi, l’aboutissement ultime de la mise en pratique de mes valeurs ne m’amènerait pas au végétarisme mais à manger des bestioles que j’élèverais. Même si l’idée de mettre à mort puis de manger une bestiole que j’aurais caressée ne m’est pas encore vraiment familière, elle me paraît rationnellement plus sensée que celle de manger de la viande sous plastique d’un animal élevé “hors sol” et qui n’a jamais vu le jour …
Mon chat me regarde bizarrement …
Voilà, j’ai conscience de ce que cette idée peut avoir de dérangeant – mais la dissidence est un joli mot
Soyez sûrs en tous cas qu’il ne s’agit pas dans cet article de jugement, mais d’une réflexion en cours et sans doute maladroite.