Allez, je viens si tu veux, on va t’arracher à toute cette laideur blanche, on ira au fond du jardin et on mangera des ours en guimauve recouverte de chocolat comme quand j’étais gamine et que tu adorais ça, je prendrai un châle pour que tu n’aies pas froid et je ne jouerai même pas à te faire peur en grimpant en haut du cerisier, si tu veux … Si tu veux même, je rentre pour de bon et j’oublie les kilomètres que j’ai mis entre nous pour essayer de t’aimer plus paisiblement, si tu veux je reviens et on recommence comme avant, les caresses et les gifles, s’il faut que tu déchires pour savoir que tu aimes alors d’accord, si tu veux pique tes colères de gamine qui me terrifient, si tu continues juste à être là, à ne pas avoir mal, juste à être si pleine de vie, si tu veux on ira au cheval ensemble, et je ne me ferai pas prier pour mettre ma bombe, et s’il faut je ne dis plus de mal d’Anne Sylvestre et je ne soupire plus quand tu compares n’importe quel groupe de rock aux Doors. Si tu veux même je ne me crispe plus quand tu allumes une cigarette, je n’essaie plus d’avoir raison, on repart en vacances à Noirmoutier et puis je te ramènerai en Argentine et je te jure que tu aimeras autant que la première fois, qu’on retrouvera les mêmes gens et que personne n’aura vieilli, quarante ans vous auront juste un peu patinés, pas abîmés, pas trahis, si tu veux même on y retrouvera mon père, s’il faut ça pour te guérir je le ressuscite. Si tu veux j’invente tout ce que tu veux, mais laisse-moi t’arracher à tout ça, je te soignerai avec ton thé si fumé qu’il en est presque imbuvable, je te lirai des bons livres et on caressera les chats, et je m’en fous si tu dis « je t’aime »à ton chien et pas à tes humains, je m’en occuperai aussi de ta bestiole, on ira courir et tu nous suivras en marchant, et tu m’apprendras à jardiner et je ferai un potager devant la cabane, et on retrouvera le ruisseau à écrevisses.
Tout ce que tu veux mais pas ça, pas tes larmes et la supplique dans ta voix qui tremble, pas les appareils surton torse pour être sûr que tu vas vivre encore, pas toute cette laideur, pas ce qui pique et refroidit, pas cette faiblesse qui te ressemble si peu. J’ai du mal à vivre près de toi mais tu es mes vraies entrailles et je ne vivrai pas sans toi.
[Ma mère est entrée à l’hôpital hier. J’ai craché ce texte juste après l’avoir appris. Elle va beaucoup mieux maintenant, elle va suspendre ou diminuer son traitement, ses examens sont normaux. Elle ne sait pas encore quand elle sort, mais les médecins ne sont plus inquiets.]
La Fraise said
Pour la première fois en trois ans de blogging, une note m’arrache des larmes.
Allez zeldounette, ça va aller (c’est tout pourri mais j’ai pas mieux)
Chulie said
:-*
Floh said
Han, j’ai vraiment paniqué en lisant, jusqu’à la dernière ligne…
Courage ma belle, vraiment, et n’oublie pas de demander si tu as besoin.
Je suis comme La Fraise, ça va aller…(pas mieux non plus). Je t’envoie des cargaisons de bises
9me said
Ouf
Pas said
J’ai pas beaucoup mieux à dire, Zelda.
Je suis là si t’as besoin, et ma maman est là-bas si la tienne a besoin.
En espèrant qu’elle se remettra vite et que tout ira mieux.
Des bisous plein.
Aventurine said
Je te lis toujours avec autant d’émotion. J’aime ta prose douce et à fleur de peau.. J’espère que tu vas mieux.
Comment ça tu n’aimes pas Anne Sylvestre ? Grrr
M* said
Courage.
mirza said
Frisson intérieur. C’est un peu ce qui coulait de mon stylo quand mon père était coulé au milieu des bip-bips et des tuyaux.
Je repense aussi à un échange de mails qu’on avait eu il y a… pffiou, au tout début de mon blogage. Tu te souviens ?
Je pense à toi, à vous.
mirza said
Hum hum… « quand mon père était cloué » pas « coulé », bien sûr… quoi que…
ada said
Je suis aussi bien contente que cela aille mieux. Cela a du être un moment pénible. Prends bien soin de toi aussi.
zelda said
En vrac : merci à tous, à ceux qui ont mailé aussi.
Ca va mieux même si elle est toujours à l’hôpital, elle n’est plus en soins intensifs, je vais la voir dans une dizaine de jours, je dors à nouveau …Encore un peu tenir, comme souvent.
La Fraise : essuie ses larmes, ça fait fuir le mâle trop sensible qui a peur de s’y mettre aussi (désolée, pas trouvé mieux)
Aventurine : J’adore Anne Sylvestre, mais j’aime bien faire enrager ma mère aussi 🙂
Mirza : Je me souviens 🙂